Ikat : une technique de teinture ancestrale pratiquée dans le monde entier

    A l’occasion du lancement de notre nouvelle collection de linge de maison « Nouages », nous vous présentons les secrets de réalisation de la teinture par la technique de l’ikat. Cette technique de teinture par réserve est encore utilisée artisanalement dans de nombreuses régions du monde. Le but de cette technique est de créer un effet diffus sur le tissage final en utilisant des fils partiellement teints.

Il existe 3 principaux types d’ikat: 

 

  • Ikat trame: les fils partiellement teints sont les fils mobiles qui croisent manuellement les fils tendus sur le métier à tisser.
  • Ikat chaîne: les fils tendus sur le métier à tisser sont les fils partiellement teints.
  • Ikat double: les fils tendus et mobiles sont partiellement teints.

   L’ikat double, dans sa forme la plus simple, permet de réaliser des motifs ressemblant à des étoiles. Tandis que pour l’ikat chaîne et l’ikat trame, les motifs obtenus les plus simples seront des pointillés colorés. Dans notre collection « Nouages», nous utilisons la technique de l’ikat chaîne.

Les étapes de fabrication : du fil au tissage

1) Nouage des ligatures :

    La chaîne de coton blanc est solidement ligaturée avec des morceaux de chambre à air. A l’aide d’un mètre ruban on veille à ce que l’alternance des ligatures soit bien régulière selon le motif et les proportions souhaitées.

Nouage des ligatures

2) Préparation des ingrédients pour la teinture :

    On prépare la teinture à la manière d’une recette de cuisine. Chaque ingrédient est pesé et mesuré minutieusement afin d’obtenir précisément la nuance souhaitée.

    Nous utilisons des pigments biologiques pour préserver la santé des artisans et limiter notre impact sur l’environnement.

Préparation des ingrédients pour la teinture

Pigment biologique que nous utilisons

Teinture du fil

3) Teinture du fil :

    La chaîne est plongée dans la bassine de teinture plusieurs heures, jusqu’à ce que la couleur pénètre totalement dans les fibres de coton qui ne sont pas protégés par les ligatures.

4) Rinçage et essorage :

    Après essorage la chaîne est passée à l’eau claire dans plusieurs bains successifs, jusqu’à ce que la couleur ne dégorge plus.

Rinçage et essorage

Dé-nouage des ligatures

Séchage du fil

5) Dé-nouage des ligatures :

    En détachant les ligatures on découvre l’alternance des zones colorées rythmées de zones protégées de la teinture par la réserve.

6) Séchage du fil :

    Pendant le séchage, la couleur s’ajuste. Ce n’est qu’une fois complètement sèche que la teinture correspond à la nuance souhaitée.

7) Montage de la chaine :

    Les fils de chaîne ikats sont complétés avec d’autres fils teints qui composeront le rythme coloré désiré.

  Cette chaine globale est ensuite montée dans le métier à tisser : elle est tendue par des pierres afin de maîtriser la tension et d’obtenir un tissu bien régulier.

Ajout des autres fils pour compléter la chaîne
Montage de la chaîne

8) Bobinage du fil de trame :

    On bobine des canettes de fil, qui seront installées dans une navette : un outil permettant de faciliter le passage du fil de trame entre ceux de la chaîne.

9) Tissage du pagne :

    Ainsi, c’est le croisement des fils de trame (verticaux) passés un à un, à la main, entre ceux de la chaîne (horizontaux) qui permet d’obtenir une étoffe tissée.

    Apparaissent alors les bandes ikatées que le montage, les variations de tensions et le tissage font subtilement vibrer, conférant au tissu son aspect diffus.

Bobinage du fil de trame
Résultat final après tissage
Pagne en cours de tissage

Origine de la technique de l’ikat

    Dans les recherches archéologiques, l’origine de l’ikat n’est pas précise. Du fait de leurs compositions, les matières textiles perdurent difficilement dans le temps. Il est rare et difficile de trouver des morceaux d’étoffes anciennes lors de fouilles archéologiques. Les études ont tout de même permis de montrer que la technique de l’ikat était présente au Vème siècle en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient.

     Aujourd’hui, la technique de l’ikat est utilisée en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique centrale et du Sud. Selon les régions du monde, les motifs sont plus ou moins complexes, en ikat trame, chaîne ou double.

Ikat chaîne, Sumba, Indonésie
Ikat chaîne en soie, Bokhara, Ouzbékistan
Ikat chaîne en laine dit “Trarican”, indien Mapuche, Chili
Ikat doucle, Etat d’Orissa, Inde
Ikat chaîne en coton, Ouagadougou, Burkina
Ikat chaîne, Turquie
Ikat chaîne, Sulawesie, Indonésie
Ikat chaîne, pagne Dioula, Côte d’Ivoire

L’ikat en Afrique et au Burkina

    Pour compléter les informations que nous avons sur la technique de l’ikat au Burkina et en Afrique, nous avons interviewé notre responsable teinturier Nazaire Bado.

Origines de l’ikat africain

     Selon lui la technique serait apparue en Guinée dans un premier temps, avant de s’étendre au reste de l’Afrique de l’Ouest. Au Burkina Faso, une fois tissés, les motifs en ikat représentent des bandes bicolores alternant, comme des pointillés, entre zones teintées et zones réservées. Les motifs peuvent être réalisés en ikat trame, ikat chaîne ou ikat double. Dans plusieurs régions du monde comme en Indonésie certains motifs demandent un travail de ligature extrêmement long et complexe. Au Burkina cette technique est simplifiée car la difficulté du travail que cela induit augmenterait considérablement le prix à la vente.

Pratique de l’ikat au Burkina Faso

     Traditionnellement, chaque ethnie avait un pagne qui lui était propre, et selon l’ethnie, ce pagne était plus ou moins décoré de motifs ikats. Notamment dans l’Ouest du Burkina, dans la région Samo où la culture et la teinture de l’indigo était pratiquée. Aujourd’hui le motif ikat sur un pagne tissé est purement décoratif. On retrouve davantage de pagnes en Faso Dan Fani que de pagnes avec un motif ikat bien qu’ils soient plus chics et plus appréciés par la population locale.

Pagne Samo, Burkina Faso

     La fabrication d’un pagne avec un motif ikat est plus longue et plus complexe que celle d’un Faso Dan Fani. Aussi, l’étape du tissage peut s’avérer particulièrement difficile selon le résultat souhaité. Certaines tisserandes voudront un motif précis avec des contours assez nets tandis que d’autres préféreront un motif avec des contours flous.

Venez découvrir notre nouvelle collection

    La teinture par la technique de l’ikat est très largement répandue dans le monde. Elle a pu traverser les époques et continue d’être pratiquée pour la fabrication de tissus traditionnels. Notre nouvelle collection de linge de maison “Nouages” utilise ce procédé de fabrication. Retrouvez cette nouvelle collection qui se décline en nappes, sets et chemins de table, dans la boutique Storie dans le quartier de Montparnasse (20 rue Delambre, 75014) jusqu’au 22 juin 2019 et sur notre e-shop.

Notre collection de linge de table “Nouages” est déjà disponible. N’attendez plus, venez jeter un coup d’oeil !